Mathilde Mourier

Designer

« Je voulais valoriser de l’humain plus qu’un produit. »

crédit C.Herrou - fresque à Ivry-sur-Seine, 2021

crédit C.Herrou - fresque à Ivry-sur-Seine, 2021


Son parcours

Mathilde Mourier est designer graphique et social

Entre mots et images, Mathilde suit des études supérieures en design graphique. Elle découvre les arts appliqués à l’ENSAA Duperré puis à l'Ecole de Condé Paris en design global, recherche, innovation. L’approche pluridisciplinaire et la pédagogie transversale de ce master lui permettent d’écrire un mémoire combinant édition, arts visuels, scénographie et voix parlée : « Avoir à dire, mise en scène graphique de la parole »

Mathilde poursuit ses apprentissages en création visuelle et rejoint plusieurs ateliers. Sa production en photographie, estampe et édition est souvent exposée. Pour son métier de designer graphique, elle a fait le choix du design social, une posture engagée. En 2012, Mathilde rencontre Jean-Marc Bretegnier de l’Atelier Fabrication Maison et travaille à ses côtés. Une expérience riche qui confirme son rapport au dessin à dessein.

Mathilde puise dans chaque projet pour agrémenter une boîte à outils qu’elle nomme Avoir à dire. Cette palette lui permet d’intervenir dans différents domaines : économie sociale et solidaire, accompagnement au changement, bientraitance, éducation alternative, neurosciences.. Les structures et professionnels qu’elle accompagne ont un point commun, ils facilitent les interactions en plaçant l’humain au centre des questionnements.

Avoir à dire évolue constamment et réunit design graphique, éditorial, scénographie mais encore fresque participative et pédagogie. Mathilde joint à ces fondamentaux son engagement pour l’éducation et le faire ensemble. Elle développe sa méthode de co-conception qui devient sa marque de fabrique.

Depuis cinq ans, Mathilde s’est installée au Lavoir, atelier pluridisciplinaire, situé  à Ivry-sur-Seine. Elle y trouve la combinaison des savoirs qu’elle affectionne et peut s’engager auprès d’autres artistes et concepteurs pour des projets communs et des résidences ponctuelles en plaçant le co-design au centre de sa pratique.


Verbatim extrait des Ciné-débats, Maison de quartier, Soisy-sous-Montmorency, 95

Verbatim extrait des Ciné-débats, Maison de quartier, Soisy-sous-Montmorency, 95

 

Sa démarche : Avoir à Dire : 

« L’idée est de donner à voir ce que chacun a à dire » 

Depuis 2010, Mathilde réfléchit à l’aspect social que peut prendre la communication visuelle. Lorsqu’elle rédige son mémoire Avoir à dire, elle présente un design éloigné des pratiques habituelles et place l’expérience et le ressenti au cœur de ses recherches. Au centre socioculturel d’Asnières-sur-Seine, elle propose un premier essai lors d’une réunion avec les habitants : retranscrire en direct les prises de paroles et donner à voir ce que chacun a à dire, sans rapport de force entre les personnalités ou même les timbres de voix. La facilitation graphique et l’animation participative vont dès lors prendre place au cœur de ses actions.

Engagée dans des domaines qui la touchent, Mathilde se tourne vers des commanditaires dont les valeurs sont similaires aux siennes : des équipes lui présentant des questionnements humains dans des économies locales. L’idée étant que les actions à cette échelle aient un impact global conséquent, mesurable.

Avec Avoir à dire, chacun est pris en compte et peut participer. Faire dessiner ses commanditaires peut parfois relever du défi et lier toute une équipe dans un travail qui doit prendre un sens commun aussi. Étroitement liée à la co-création, la question de l’autonomisation mène à penser à court, moyen et long terme afin de ne pas créer un système verrouillé. Mathilde insiste sur le fait que bien communiquer, c’est augmenter son pouvoir d’agir.

« Avoir à dire me permet de rencontrer des gens et de plonger dans leurs univers, tous différents. »

Identité visuelle du Centre socioculturel d'Asnières-sur-Seine, 92

Identité visuelle du Centre socioculturel d'Asnières-sur-Seine, 92

Quelques projets : 

Légœido - la boîte à outils

Légœido est une boîte à proprement parler. Elle se compose d’outils graphiques de médiation et permet de composer, dessiner, assembler, symboliser...  Ces formes géométriques simples, en carton, de tailles et couleurs différentes, des cartes carrées opaques et transparentes figurent des signes à combiner. Le tout faisant office de base grammaticale pour démarrer des projets et co-concevoir des solutions

La création de Légœido a été soutenue par la Scop Accolades, spécialiste de l’animation participative, dans le cadre d’une recherche-action avec la fédération des Centres sociaux de Seine-Saint-Denis. Vendue à plusieurs structures, notamment un CHU, elle reste entièrement fabriquée à la main, de la découpe laser à l’assemblage. C’est une grande fierté pour Mathilde de voir se diffuser cet outil et donc la démarche Avoir à dire ! 

Légœido

Légœido

L’accompagnement au changement :  

Construit années après années, l’accompagnement au changement regroupe création d’identité visuelle, conseil et positionnement de marque, sous un format alternant entre entretiens et création. Cette offre aide des porteurs de projets à se positionner, qu’ils soient seuls ou en équipe, en reconversion ou en évolution professionnelle. Co-construire la communication et l’univers graphique d’un objet pensé seul permet de le projeter dans le réel, d’en faire quelque chose d’extérieur à soi. 

« J’aide les gens à faire aboutir leurs projets, j’agis comme un miroir pour eux. »

Charlotte Salvanès et Laurent Bailly, créateurs de l’école de dessin en ligne “Un autre atelier” sont les derniers à avoir bénéficié de cet accompagnement au printemps 2021. Avec Mathilde, ils ont défini les tenants et aboutissants de leur pédagogie et fait apparaître la charte graphique. Cet accompagnement au changement leur a permis de s’accorder autour d’une vision commune et de générer un certain nombre d’outils, vidéos, graphiques, newsletters, nécessaires au lancement de l’école. 


La fresque comme outil de design social 

« Faire pour comprendre, jouer pour apprendre » est la devise du projet réalisé au sein de l’école Jacques Solomon à Ivry-sur-Seine entre janvier et juillet 2021. Introduisant le Ludographe, (boîte d’initiation au design graphique du CNAP) Mathilde a mis en place des ateliers et la réalisation d’une fresque de 60 mètres de long dans l’enceinte de l’école impliquant 340 enfants, tous amenés à proposer, découvrir et peindre, des enseignants réunis autour d’un projet pédagogique commun, en collaboration avec le centre de loisirs, l’ensemble inspiré de six contes classiques, allant de La Belle et la Bête au Vilain petit canard.

Des questionnements de rapport d’échelle, de maquettes, de vision sur le planning et de création graphique ont été abordés par les enfants du CP au CM2. La fresque participative, terminée à la fin de l’année scolaire, a permis d’apporter un peu de fraîcheur et d’associer des invités extérieurs en ces temps de confinement.

Fresque à l'école Jacques Solomon, Ivry-sur-Seine, 94

Fresque à l'école Jacques Solomon, Ivry-sur-Seine, 94

Quelques conseils de Mathilde : 

Riche de ses nombreuses années de design social, Mathilde a quelques conseils à partager aux jeunes designers qui souhaitent se lancer : 

  •  créer  et construire sa propre méthode de travail

  • rester toujours au plus près de ses valeurs pour construire des projets cohérents.. 

  • Faire et apprendre de ce que l’on fait et faire évoluer  ses outils 



Pour Conclure : 

Mathilde est une designer social animée par son métier. Elle donne du sens à ses projets sans hésiter à se remettre en question et faire évoluer sa démarche. L’humain est au cœur de ses projets, de ses préoccupations et de son quotidien de designer. Pédagogie, partage, rencontres et autonomisation sont des notions centrales dans son travail.  

N’hésitez pas à vous rendre sur son Instagram ou son site web pour  découvrir ses projets :  

avoiradire.fr

instagram avoiradire

Identité visuelle pour le réseau d'écoles Arborescences

Identité visuelle pour le réseau d'écoles Arborescences