La Tricyclette Design 

Mathieu Andries, Julian Coiffard & Mathis Morin

Collectif de Designers spécialisés en innovation durable, explorant de nouvelles approches de design participatif

« Le design, c'est repenser la vie, avec des gens »

Leur parcours

Rencontre

Les trois fondateurs du collectif la Tricyclette Design, Mathieu, Mathis et Julian, se sont rencontrés sur les bancs de l’école, lors de leur première année à BESIGN (anciennement The Sustainable Design School) à Nice.

Outre leur goût pour la bicyclette - ils étaient les seuls à faire les trajets entre chez eux et l’école en vélo, d’où le nom de leur collectif - ils découvrent progressivement leur vision commune du design et commencent à travailler ensemble sur leurs projets scolaires.

D’abord attirés par la combinaison des aspects techniques et créatifs que permet le design, c’est grâce à des intervenants et des projets participatifs menés en troisième année qu’ils découvrent ses considérations sociales et son impact sociétal, ce qui confirme leur intérêt pour la discipline. Ils apprécient également le fait de tester des choses concrètes, de prototyper, de sortir leurs idées de la feuille, et de les amener sur le terrain. Julian résume joliment : « Le design, c'est repenser la vie, avec des gens ».


Leur projet de diplôme et la naissance du collectif

Leur travail en commun se concrétise au travers de leur projet de diplôme (Mathieu et Mathis ont même effectué leur mémoire à deux), et servira de base à la création de leur collectif.

Pendant un an, ils travaillent sur des sujets de conception participative pour repenser les espaces urbains. Impliquant toutes les parties prenantes dans la conception, et travaillant autour des notions du ludique, de récit commun et des imaginaires collectifs. Ils développent également leur méthodologie, inspirée par le cercle narratif de Dan Harmon (scénariste de la série Rick & Morty).

En résumé, leur méthode comprend quatre étapes : un premier diagnostic sur place, pour comprendre les enjeux et discuter avec les parties prenantes, une deuxième étape visant à réunir tous les participants et à identifier des problématiques ensemble. Puis une troisième phase de prototypage de solutions et de test, et enfin, une mise en place sur le terrain. Le collectif a également à cœur d’analyser l’impact concret de leurs actions, et veille à remplir un cahier des charges afin d’accompagner au mieux le début de vie des projets. 

Premiers pas entrepreneuriaux 

Pour leur six mois de stage obligatoire de fin d’études, La Tricyclette Design décide de se lancer dans la création de leur entreprise. Gagnant d’une bourse nationale, ils sont accompagnés par deux incubateurs (Live For Good et Pépite) qui les aident notamment à se structurer, à développer leur business model, ou encore à trouver des financements et des clients, aspects qu’ils n'avaient pas appris en école de design.


Aussi, lors de leurs premières actions sur le terrain, les habitants avaient du mal à comprendre qui ils étaient et ce qu’ils faisaient. Ils réalisent donc l’importance d’être identifiables auprès des citoyens pour légitimer leur démarche. Ils ont alors l’idée, d’abord pour rire, de s’affubler de salopettes jaunes, la couleur de leur studio. À leur grande surprise, cela marche et attire même les habitants qui viennent spontanément à eux et les interrogent sur leurs précédents travaux. Cela leur permet également d’affirmer leur posture, et de se créer une identité, à trois.


 

Une Petite Pétanque - jeu de concertation

Scénographie pour le musée de la Provence à Vence - La Brissaudo


 

 Leur design 

Engagements sociaux, environnementaux et locaux

Avant tout, leur design se concentre autour de la conception participative. La force du collectif La Tricyclette Design, c’est de donner pleinement la parole aux usagers, aux habitants qui vont donner vie aux solutions qui répondent à leurs propres problématiques. Pour eux, le design devient un prétexte pour repenser des modes de vie, ce qu’ils souhaitent faire avec le plus de personnes possible. Ils envisagent donc leur engagement social à la fois dans les sujets qu'ils décident de travailler, mais aussi dans leur manière de travailler, ensemble, ce qui permet un réel dialogue.

De plus, ils ont un attachement aigu au local et à leur région qu’ils connaissent et où ils ont identifié des enjeux. Dans leur pratique participative, la notion de localité et l’ancrage territorial sont donc très importants. Lors d'un échange avec un collègue designer, ils discutent de la notion de territorialisation du design. Plus concrètement, et d’après leurs mots, « les solutions ne seront pas les mêmes dans le village d’à côté que dans le centre-ville ». Ils y lient aussi un aspect culturel ; il leur faut comprendre leur territoire, comprendre les spécificités culturelles dont ils s’inspirent (une histoire, un folklore, des couleurs, etc.) pour trouver des solutions. C’est aussi ce qui les différencie et les rend complémentaires de plus grosses structures moins ancrées (cabinet d’architecture, bureau d’urbanisme etc.).

Concernant leur engagement environnemental, ils travaillent beaucoup avec des matériaux recyclés ou de récupération. Pour un projet dans une université, ils ont par exemple récupéré des cartons chez Jouet Club qu’ils ont utilisés dans leur décor. Ils aimeraient également pouvoir travailler directement avec des matières éco-responsables, mais étant encore peu démocratisées, celles-ci représentent un budget important. Même s’ils sont encore jeunes et qu’il est difficile de mesurer leur impact, ce sont des considérations indispensables pour eux.

Ici - Une jeu de carte pour le débat


Leurs premiers projets

Les trois fondateurs ont déjà mené deux premiers projets d’ampleur en tant que collectif.  

Le premier projet consistait à repenser la scénographie du Musée de la Provence de la Brissaudo, un musée municipal tenu par une association locale, avec pour objectif d’impliquer les habitants dans la conception de cette scénographie. Cela a aussi été l’occasion pour eux de rencontrer différentes générations, des arrières grands-parents aux petits-enfants, et de capter des témoignages précieux sur la région, la culture locale provençale et ses histoires. Après cette première réalisation scénographique, ils ont proposé des animations et étaient présents aux Journées du Patrimoine. Ce fut également l’occasion pour eux de rencontrer de nombreux acteurs du secteur culturel, et pourquoi pas de futurs collaborateurs. 

Pour leur second projet, ils ont travaillé avec une fédération d'associations étudiantes pour refaire le foyer d’une université. L’idée était de repenser ce lieu pour que ce ne soit pas uniquement un lieu de travail, mais aussi un espace de convivialité, de rencontres et de solidarité. Ils ont donc pensé des espaces partagés et mis en place des ateliers avec les étudiants, ainsi qu’un restaurant solidaire. Ils ont passé une bonne partie de l’été avec les étudiants, et un mois et demi sur place, afin de sortir leur projet de l’atelier et de le construire sur place. 

Même si les problématiques et les publics étaient différents, ces deux projets ont en commun le fait de réfléchir à des espaces de partage. Ils ont également pu tester leur outils, leur méthodologie, confirmer des intuitions et se professionnaliser un peu plus à chaque fois.

Partenariats

En 2022, ils ont développé leur premier partenariat avec le Collectif Co, un collectif de trois jeunes designers situé entre Paris et Marseille qui travaille sur le design de services d’intérêt général, le design éco-social et le numérique responsable.

Mathieu, Mathis et Julian ont initié un premier contact pour discuter de leurs expériences respectives en tant que jeunes designers dans le sud. Les six se sont rendus compte de leurs problématiques similaires : ils se sont lancés jeunes et parfois un peu seuls, avec des questions sur leur structure, leur réseau et sur les opportunités offertes sur des territoires où l’écosystème du design social n’est pas forcément aussi développé qu’à Paris. Cependant, ils ont tous en commun un attachement et une envie de travailler sur ces territoires. Ils décident alors de faire un premier projet ensemble, dans le cadre de la France Design Week. Ils proposent un événement à Nice, afin de donner des conseils pour savoir comment se lancer en tant que collectif lorsqu’on est jeunes diplômés. L’événement, entre ateliers et discussions, attire de nombreux jeunes (et moins jeunes) intéressés par leurs parcours et ayant eux-mêmes l’envie d’agir.

Dans la même idée, les trois membres de la Tricyclette Design souhaitent continuer à collaborer avec d’autres acteurs, avec d’autres expertises et compétences. Ils sont persuadés de l’importance de travailler à plusieurs, pour plus de pertinence dans leurs projets.

Qué fa - Entreprendre en tant que Designer ! 

Évènement proposé pour la France Design Week


Leurs actualités et leurs objectifs pour l’année 2023 

En ce début d’année, ils viennent tout juste de trouver un local à Nice ! C’est pour eux le moyen de créer leur « base » pour pouvoir affirmer leur appartenance au territoire, fédérer des acteurs indépendants, notamment dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, et développer de plus gros projets. Ils ont plusieurs idées pour faire vivre ce local : un espace de coworking, pour mutualiser certains investissements par exemple, une bibliothèque partagée pour pouvoir proposer des ouvrages en design social qu’ils ne trouvent souvent qu’à Paris, une matériauthèque de matières éco-responsables, proposer un espace boutique etc… Ce lieu est donc une étape importante pour faire grandir leur activité et affirmer leur place dans l'écosystème local..


Côté projets, ils devraient prochainement travailler avec la Commission Européenne, un premier test pour eux. Ils ont également été choisis pour repenser les sanitaires d’un collège, un espace souvent dégradé, un no man’s land qui coûte cher, et dont ils aimeraient renouveler la vision avec les élèves.


Ils sont aussi invités en avril prochain à la parlotte de l’association Les Gens Géniaux, pour échanger autour des débuts en tant que collectif. L’événement aura lieu en présentiel et en ligne.

Concernant leurs objectifs pour l’année 2023, ils aimeraient continuer à se structurer. Ils continuent également à travailler sur l’expérience globale et ludique qu’ils apportent aux personnes pour qui et avec qui ils travaillent. Aussi, ils aimeraient pouvoir partager avec des jeunes, collégiens et lycéens, leur expérience sur les métiers du design social, des politiques publiques etc., tous ces métiers qui émergent petit à petit sur leur territoire. Ils essayent de se rapprocher des écoles, peut-être pour y donner des cours et permettre aux étudiants de s’essayer au design et à leur méthode.

Lancement du projet des sanitaires au collège 

Présentation à l’ensemble des élèves


Conseil aux futurs designers

En quelques mois, les trois jeunes designers ont appris beaucoup de choses précieuses. Leur premier conseil : entourez-vous ! N’hésitez pas à faire appel à d’autres personnes, à d’autres compétences, faites vous incuber si vous le pouvez pour vous aider à structurer votre activité. N’ayez pas peur également de contacter des personnes pour parler de ce qu'ils font (ils insistent sur la bienveillance des interlocuteurs qu'ils ont pu rencontrer).

Aussi, il est primordial pour eux de sortir du monde des idées et de passer à l’action. Même si le projet n’est pas abouti, il est important de tester rapidement des choses, de rencontrer ses interlocuteurs dès le début d'un projet, même avec des choses simples comme un bout de carton.

Un dernier conseil est de ne pas être monomaniaque. Les trois s’autorisent à avoir d’autres activités à côté, d’autres engagements, à s’amuser, à  tester, à écrire… Ils créent par exemple des petits objets inspirés du sud, ce qui se rapproche plus d’un design de produits plus classique. Pour eux, il est bien de garder cette curiosité, cette légèreté, et de s’autoriser à pratiquer d’autres choses. Amusez-vous et partagez ! 

Qué fa - Entreprendre en tant que Designer ! 

Évènement proposé pour la France Design Week