êkhô studio

"Lorsque nous sommes en confrontation avec ce qui se passe autour de nous, que nous sommes en désaccord, dans l'incompréhension ou en colère, on prend tout ça et on essaie de faire des projets à long terme et d'apporter des réponses."

êkhô est un studio de direction artistique, de design graphique et de recherche, en lien avec des sujets sociopolitiques et intersectionnels, fondé par Claire Bonnet et Charlie C. Thomas.

Leurs parcours :

Claire et Charlie sont diplôméexs du bachelor communication visuelle de la HEAD – Genève (CH) ainsi que du Master “norm creative in visual communication” de Konstfack – Stockholm (SE). Ielles se sont rencontréexs lors de leur bachelor. Fusionnellexs dans leurs questionnements et engagements sociétaux, ielles ont chacunex développé leur pratique de manière très complémentaire.

Effectivement, entre leurs deux écoles, ielles ont pris des chemins différents. Au sein de FabLab Berlin, Charlie a travaillé sur des projets multiples, en dehors du design graphique, ce qui lui a permis de redécouvrir l’importance  de la communication visuelle pour les projets sociaux. Tandis qu’en parallèle Claire a intégré différents studios de design graphique à Lyon (FR) et Amsterdam (NL) et par la suite travaillé en tant que graphiste pour une organisation internationale (OIM) à Genève (CH). Grâce à ces expériences, elle a expérimenté des fonctionnements en collectif pour des projets de grande échelle.

Mais c’est durant leurs études à Stockholm que se concrétise le projet de travailler ensemble. Tout d'abord, il s’agissait d’un contexte très propice à développer leurs questionnements, car l’axe social et politique du design était aussi encouragé par l’équipe pédagogique. Ielles ont donc pris le temps de réfléchir à la structure et à la direction qu'ielles voulaient prendre. Une fois diplôméexs ielles lancent êkhô studio, motivéexs par l’envie d’être libres de choisir leurs client·e·x·s et des projets en accord avec leurs valeurs, mais c’est aussi pour ielles un moyen d’éviter un cadre salarial hiérarchique.


Le début de leur studio : 

"Lorsque nous sommes en confrontation avec ce qui se passe autour de nous, que nous sommes en désaccord, dans l'incompréhension ou en colère, on prend tout ça et on essaie de faire des projets à long terme et d'apporter des réponses."

Ielles s’interrogent sur les formes de résistance et les sources de friction dans la société (de l’ouest, européenne), pour ensuite travailler sur ces sujets à travers l’image.

Charlie et Claire n'hésitent pas à utiliser les nombreux outils graphiques à leur disposition comme la typographie, l’animation ou la photo. Ielles ont également construit au fil du temps un véritable écosystème d'acteur·rice·x·s et d’outils, s’entourant de professionnel·le·x·s (imprimeur·euse·x·s et typographes indépendant·e·x·s) qui partagent leurs préoccupations.

Le rêve d’êkhô studio est de s'agrandir de manière collective. L’équipe lutte contre l’image du “Designer star”, et au contraire cherche à mettre en valeur l’aspect collectif de la pratique du design, pour mettre en avant tous les autres corps de métier avec lesquels ielles collaborent régulièrement.

Quelques projets :

Behind Feminist Clothes

Behind Feminist Clothes est le prolongement du projet de diplôme de Claire. Ce projet questionne l’usage des revendications féministes par l’industrie de la mode, dans un objectif commercial.

Dans ce projet Claire a souhaité mettre en exergue la dissonance entre les slogans féministes écrits sur les articles de mode du groupe H&M et la réalité des personnes qui ont fabriqué ces vêtements. Pour cela, elle a sérigraphié sur ces mêmes vêtements des extraits et citations issuent du rapport international* qui dénoncent les violences sexistes exercées dans les entreprises du Groupe H&M. 

Behind Feminist Clothes a été exposé à Stockholm et a aussi été diffusé dans le magazine suédois Kultwatch.

*Gender-Based Violence in the H&M Garment Supply Chain, issued by workers’ rights group Asia Floor Wage

In the Name of Love

In the name of Love est le prolongement du projet de diplôme de Charlie.

Ce projet questionne l’utilisation du symbole du cœur et des discours émotionnels associés à “l’amour” par des mouvements politiques et sociaux violents, racistes, et fascistes. Iel s'est donc intéresséx à cet usage du champ lexical et graphique de l’amour par des organisations prônant la suprématie blanche et le nationalisme, et comment cet usage est exacerbé par les réseaux sociaux.

“ Le projet a démarré, quand nous sommes arrivéexs en Suède, au moment des élections en 2018. Je suis tombéx sur des affiches, avec des petites fleurs bleues, des écritures cursives, des cœurs, j’ai pensé que c’était la partie sociale de gauche, mais en fait, il s’agissait du parti d’extrême droite, raciste, islamophobe et considéré comme néonazi”

Toute sa recherche est synthétisée dans un ouvrage publié aux éditions Onomatopée.

Passport Power Rank

Passport Power Rank, est le premier projet mené par le duo à la sortie de leurs études. Il s’inscrit dans l’appel à projets du festival Graphic Matters à Breda (NL).

Pour la thématique “Information Superpower”, ielles ont proposé une affiche mettant en exergue les inégalités de circulation dans le monde selon son ou ses passeport(s) : “who is allowed to travel freely and based on what?” – qui est autorisé à voyager librement et selon quels critères ? Pour cela, ielles se sont appuyéexs sur le site web “Passport index” qui hiérarchise les passeports selon le degré de facilité qu’ils offrent pour se déplacer dans le monde.

Leur affiche s’inspire des codes graphiques de panneaux de signalisation de transport et traite du déséquilibre entre le passeport suédois et le passeport thaïlandais. Pour qu’un·e·x suédois·e·x se rende en Thaïlande avec un visa touristique il lui suffit de son passeport et de son billet d’avion, tandis qu'à l’inverse un·e·x thaïlandais·e·x pour venir en vacances en Suède devra fournir jusqu’à 14 documents !

FESSES-TIVAL

Charlie et Claire travaillent depuis 3 ans pour le Le Fesses-tival, un festival genevois) qui prône une vision positive, inclusive et non-binaire des sexualités.

La première année, ielles ont animé un atelier de sérigraphie, permettant de personnaliser les vêtements des participant.e.x.s avec le logo de l'événement, un dessin de fesses en mouvement, non sexualisé et non-binaire dessiné par l’artistex Lari Medawar. 

Au fil des années, Claire et Charlie ont développé le site internet, la communication générale de l’événement, les affiches, et le programme. Ce projet à challengé le duo, les faisant se questionner sur la manière de représenter l’inclusivité, la variété de corps, mais aussi comment illustrer la thématique de la sexualité dans l’espace public. Leur positionnement général a été de mettre en œuvre une direction artistique pour accompagner l’imaginaire autour de la sexualité. Ielles ont par exemple utilisé une typographie fluide et en mouvement, adaptée et dessinée sur mesure. 

PHARMACOLOGIE DU LOGEMENT :

C’est dans le cadre de la Biennale Manifesta à Marseille en automne 2020, qu’êkhô studio collabore avec la chercheuse et architecte Samia Henni sur l’édition “Pharmacologie du logement”. Ce travail regroupe les entretiens que Samia Henni a menés pendant le premier confinement de mars à avril 2020, avec sept marseillais et marseillaises ayant travaillé pendant cette période. Samia Henni s'est interrogée sur l’abandon par le gouvernement des personnes sans logement, sur les questions de protection des travailleur·euse·x·s “essentiel·le·x·s” et à qui a été donné la responsabilité de contrôler le respect des mesures sanitaires… Les deux designers soutiennent les questionnements de Samia Henni sur la décolonialité, le féminisme, les frontières, et la résistance. Cette édition s’inscrit donc parfaitement dans la démarche d’êkhô studio, de faire correspondre le design graphique à des questions de société essentielles.

Pour créer cette publication bilingue en noir et blanc Charlie et Claire ont choisi des typographies de deux typographes indépendantes. Ielles ont également sélectionné, en discussion avec Samia Henni, les photos de la publication en faisant attention à ne pas véhiculer ou perpétuer des stéréotypes.

“Nous essayons de changer les choses, de parler, de confronter nos histoires et nos récits qui ont été fabriqués.”

Et pour la suite:

Leur dernier projet de publication, la mise en page de la thèse de l’architecte et chercheuse  Mouna Abdelkadous, traite de l’Orientalisme en architecture en prenant comme angles d’études la Casbah d’Alger et l'interventionnisme colonial du Corbusier. Ce travail a initié des discussions sur l’Orientalisme dans le design graphique, notamment en typographie. Charlie, Claire et Mouna Abdelkadous aimeraient donc continuer un projet plus large sur ces sujets. 

Ielles ont récemment travaillé pour le festival de film LGBTQIA+ Everybody’s Perfect, à Genève, une collaboration importante au moment des élections pour le Mariage pour tousxtes en Suisse. Enfin, leur dernier projet en cours est la mise en place d’un workshop à Barcelone, qui invitera des artistexs visuels et designers à s'interroger sur comment ielles ont appris leurs métiers et leurs outils et quels impacts cela peut avoir, au niveau des discours intériorisés et des inégalités.

Ainsi êkhô studio va continuer à travailler sur des sujets essentiels et militants, mais surtout va continuer à nous inviter à nous questionner, sur les images et les récits qui nous entourent.

Pour plus d’informations rendez-vous sur leur site :

https://ekhostudio.com/